Dire cela - Paris, L'Harmattan, 2011





J'en appelle à ton visage, étranger

de sel, de vent, d'ambre, d'espoir.

Jardin fermé

Autre tu es

 Autre, tu demeures

fugitif étranger

 un instant capturé.


Ton regard incisif

dénude ma solitude

l'exil inquiet de ma parole.


Toi,

qui dans cesse te retourne et me détourne

Toi,

l'insaisissable,

incessant voyageur de l'improbable,

reste l'obscur,

l'inatteignable,

ne met pas fin à ma faim,

laisse ma soif ardente,

dans le désert de l'attente.

Abîme secret d'un dévisagement,

où d'une rencontre,

l'oasis s'envisage.




Tournoiement


Le poème n'est pas la capture de l'être

mais son tournoiement,

vers l'autre toujours, derviche du passage.

Oiseau au corps ouvert,

l'éloignement est son attache,

l'étranger est son lieu.

Intime extériorité s'abreuvant

à la source du langage

pour dire encore l'inespérée attente

dans l'encre exilée de nos mots

jetés en appel,

ces ombres de lumière

qui forment

le relief de nos vies.

Dédié au mystère ordinaire

des jours,

il est cette solitude native

transmuée en don

où l'humain s'écrit

en blessure d'espoir.

Sans visage, c'est une main tendue

à qui se reconnaît

jusque dans la brisure.

Vision ouverte,

à la beauté d'un instant suspendu,

dans l'entrebâillement

de ce qui nous fait grâce.


Sans fin, passer la parole,

en faire acte...

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