Ce très beau et lumineux recueil de Marc-Henri Arfeux intitulé Yoga Randas Mantra, nous décrit en quelque sorte le voyage poétique et spirituel d'une âme en quête d'elle-même en traversant la vie et le monde dans un style si épuré et vibrant en ce qu'il célèbre la beauté de l'infime, qu'il touche presque à la transparence diaphane de cette quête des cimes. On y revient, on le médite comme une source où s'abreuver. J'y associe cette photo qui représente la maison de l'ermite et son jardin des simples au pied de La Chapelle des Auzils à Gruissan et son cimetière marin. Un lieu chargé de paix pour moi.





"Il est assis dans le jardin du simple,
Avec seulement le ciel et ses feuillages
Pour écouter,
Regardant l'hôte, sans formuler un mot,
Sinon le bourdonnement de l'âme
Hantée de fleurs.
Il est flexible et tendre
Ainsi qu'un cerisier lustré par l'air
Qui le délivre des rochers (...)
Puis ayant bu le petit lait de l'aube
Il dit :
le figuier du silence est bougie
Veille en lui l'unique."
Assis dans la maison de son parfum,
Tu assistes à ce monde et rejoint son ailleurs
Sur l'autre bord de la beauté,
Ainsi qu'un papillon traversant l'âme
Du torrent vertical
Ouvrant l'amour,
il dit au papillon
Qui sommeille en l'ami :
Commence par écouter
le moindre brin du monde,
la vitre dépolie des voix,
Une question seule appuyant son échelle
Au flanc mouvant de l'air,
Le fin glissement de la poussière aux angles de cristal
Que tu nommes Ici,
La floraison de l'inutile et du très parfait rien
Qui aime
En ce jour d'hiver
Aussi fragile et pur que l'altitude et son danseur
Ton âme est un petit savon
Dans la lumière, dit-il
En traversant les heures.
Lave-le de lui-même
En lui-même
Et encore,
Jusqu'à trouver son âme.
La très légère et nue beauté perdue des heures
Scintille
Entre les doigts du monde.
Sais-tu que toi aussi tu es un chant ?
Dit-elle à l'étranger ?
Alors, il se souvient qu'il n'est
Personne
Et parle amoureusement à tout pétale
Un frêle instant cristallisé dans la lumière,
Aux papillons qui volontiers l'embrassent,
Même à ses ongles mis en poudre
Au mortier de l'errance,
Autant de fines et douces offrandes
En pluie d'atomes,
Comme le parfum nocturne des tilleuls
Réveillant l'âme
"Toujours la neige
improvisant la neige.
Des vitres entourant l'aube et l'invisible
Fleurit la solitude.
La main gantée de brume frôle en silence.
Mais n'es-tu pas toi-même
Un cerisier défleurissant ?
Dit-elle, à tout vivant qui l'interroge.
Sur le tapis de l'abandon, tous les pétales,
Une seule ondulation tranquille,
Obéissant à l'air qui les déplace
Et les redistribue
Par le damier du monde."
Marc-Henri Arfeux -Yoga Ramdas Mantra - éditions unicité


Aucune description de photo disponible.
Toutes les réactions :
Marie Faivre, Hamid Ben et 5 autres personnes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

                                     Zéno Bianu – Petit éloge du bleu – Folio Gallimard, 2020 Il y a le bleu Klein et désormais le bleu Zéno...