Françoise Sérandour – Le chant de l’oiseau : Secrets d’enfance – L’Harmattan, 2022


Ce recueil évanescent évoque des éclats de lune, la chute d’un pétale, l’ouverture de l’éventail de la vie. Citations, réflexions, souvenirs, wakas s’entremêlent avec pour fil conducteur la quête de la beauté transcendant la douleur. De la même façon, l’imaginaire nous ouvre les portes salvatrices d’une autre réalité aussi éphémère qu’un tourbillon de sensations où seule la fleur semble consolatrice. L’écriture s’avance en réparation de cette déchirure d’exister et c’est à partir de ce manque que nous pouvons créer : « De la sorte depuis la Brisure je dois écrire, écrire encore plus, plus haut, raconter et re-coudre les blessures des êtres chers, dire l’existence entre poésie et prose poétique, en Solitude ou à plusieurs voix. »

La poétesse avance telle Eurydice retrouvée ou à l’image de Dame Isé, référence constante dans le recueil, caressant la perle de ses rêves pour mieux sublimer l’éphémère existence. Là au-delà de l’impermanence, le temps et l’oiseau forment le passage. A travers le poème, la temporalité et l’espace se réaccordent pour une nouvelle présence à soi qui s’ouvre à travail l’éveil des sens et des senteurs. La poésie se fait alors parfois peinture.

Ainsi « la chambre de cristal » de l’écriture fait résonner les voix perdues de l’enfance en une sorte de mythique jardin d’Eden que chaque éclat de texte viendrait ressusciter pour ne former plus qu’un seul et même bouquet final : « Mon chemin aux yeux d’eau sera/présence de Soi dans le poème/contre l’absence et avec la solitude./Voici la caresse même, un songe-en-soi,/une présence-à-soi retrouvée/renouvelée reconstituée/en une ré-accordance de l’espace et du temps/dans une chambre de cristal./ »

Extrait

Solstice d’Hiver

Il était juste au commencement
De la brume
La route et les arbres
A l’Ouest
Le soleil tout en bas
Juste en plein milieu
Brumes et couleurs
De l’Hiver-
En transparence
Un tableau cherchait son poète.

Le tableau découvre le Rêve
Le peintre traverse les portes
Ouvre le chemin –
Métamorphoses !
Les mêmes désirs
De l’Aurore opale
Et du Soleil couchant
Agate cornaline
Baignent les grandes ailes des goélands-
Envolées
De plumes rouges d’Ibis
Sur le Fleuve ! »

 

Les rochers de l’impermanence

Langueur évanescente
La langueur de la mer douce
O mélancolie
Le mystère de la vie
Repos de l’âme peut-être-
A cause du violine des nuages ?


Revue Terre à ciel - Véronique Elfakir 

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